« Identité »: Qui suis-je ? Ou vais-je ?

Le terme « identité » semble être particulièrement mis en avant plan dans notre société. On le décline à toutes les sauces : identité personnelle, culturelle, professionnelle, de genre, et j’en passe.

Se rattacher à notre identité, c’est un peu se rattacher à soi dans une société hyperactive où l’on tend à se perdre de plus en plus. C’est une façon de rechercher du sens, de trouver notre place.

Et pourtant, le concept est tellement complexe que l’on peut clairement se demander ce qui se cache derrière.

Finalement, c’est quoi l’identité ?

Pour Erikson, c’est le « sentiment subjectif et tonique d’une unité personnelle et d’une continuité temporelle ». C’est une sorte de cohérence interne qui permet de nous ressentir comme un être unique.

Mais c’est bien plus complexe que ça…

L’identité est en lien avec la question de l’altérité.

Aristote l’a bien dit : « nous sommes des animaux sociaux ». Nous ne « pouvons pas » faire sans l’autre. Nous avons besoin de liens affectifs pour nous épanouir.

Nous nous définissons quelque part au travers de nos ressemblances et de nos différences par rapport à l’autre. On parle de processus d’identification et de différenciation.

Prenons un exemple concret : Si je demande à Jean-Jacques qui il est, il me répondra : « Jean-Jacques, 50 ans, né le 20 avril ». Mais Jean-Jacques, bien vite, se référera également à l’autre : « marié à Ginette, père d’Alfred, inspecteur des impôts ».

L’identité est donc liée au social, plus particulièrement au rapport à l’autre.

Identité unique ou plurielle ?

Peut-être un peu des deux …

Quelle que soit notre façon de nous présenter, de nous raconter, malgré la base « fixe » de notre identité, de nombreux facteurs extérieurs viennent redéfinir celle-ci en permanence.

Tentons de l’expliquer à travers différents points de vue :

En premier lieu il y a l’identité officielle, administrative.

L’identité officielle, c’est celle figurant sur notre la carte d’identité. Celle-là, elle est fixe : Nom, prénom, date de naissance, etc. Elle évoluera avec notre statut officiel. On pourra éventuellement y changer le nom, le sexe et peut-être un jour y ajouter la notion de genre. Mais elle représentera toujours le « nous » officiel, légal.

Il y a quelque chose de l’ordre d’une « identité figé » dans nos croyances ce qui est rassurant et confortable finalement. On est soi. Un peu comme un noyau qu’on ressent comme immuable dans notre perception de nous-même. Elle sert en quelque sorte de base à notre identité sociale.

Il y a ensuite la vision que l’on a de soi-même.

On se raconte continuellement. On intègre de nouvelles données telles que nos expériences de vie ou la manière dont on se perçoit. On s’auto-invente en permanence. On parle ici de récit autobiographique ou encore d‘identité narrative.
Si nous avions demandé à Jean-Jacques « Qui es-tu ? » à ses 20 ans, il n’aurait certainement pas répondu de la même manière qu’à ses 50 ans.
N’est-ce pas incroyable de penser que l’on est à la fois auteur et acteur du film de notre propre vie ?

On peut aussi parler du contexte.

Le contexte aura toujours tendance à influencer la manière dont on voudra, consciemment ou pas, mettre en avant notre identité.
Suivant la situation, notre amis Jean-Jacques ne répondra certainement pas de la même manière selon qu’il soit face à un recruteur ou face à de nouveaux amis potentiels.
Concrètement, en fonction du contexte, de son état interne, de ses choix, de son histoire de vie, etc., l’identité de Jean-Jacques ne sera pas mise en évidence de la même façon, ne se dépliera pas de la même manière et se modifiera imperceptiblement.

Notre identité est en mouvance, en évolution constante, faite même de contradiction. C’est ce qui fait que nous sommes incroyablement intéressant et vachement compliqué aussi.
Nous sommes donc uniques et plurielles à la fois.

En conclusion

L’identité n’est pas vraiment un concept facile à appréhender et revêt une multitude de facettes.

Elle est intrinsèquement liée à l’autre et influencée par divers facteurs (politique, social, économique, familiale, etc.).

Elle n’est pas stable mais en évolution constante, influencée par notre vécu, la manière dont nous le percevons et l’intégrons au niveau émotionnel.

On peut parler d’identités plurielles, toutes inter-corrélées pour former une cohérence, une harmonie, et nous permettre d’atteindre un sentiment d’unité.
Bref, nous sommes des êtres complexes ce qui fait notre richesse !

Rébecca Saintes
Psychologue clinicienne