La résilience, parlons-en !

Le concept de « résilience » est maintenant clairement intégré dans le langage populaire. Dans cette société de consommation de l’information, nous en avons tous entendu parler.

Pourtant, il n’est pas rare de constater que ce terme reste assez flou pour un grand nombre de personnes.

Finalement, qu’est-ce donc que ce concept magique ?

Il existe un certain nombre de définitions qui diffèrent en fonction des positions théoriques, ce qui participe à la difficulté que nous avons de le circonscrire. C’est avant tout un concept riche en possibilité et potentialité ; et qui a l’avantage de mettre en avant les ressources individuelles de chacun.

En vulgarisant, nous pouvons dire que la résilience est notre faculté de rebondir face à des grosses difficultés de vie ou traumatismes, notre capacité à mettre en place nos ressources pour se reconstruire face à l’adversité.

Pour parler de résilience, il faut donc la confrontation à un évènement vécu comme traumatique dans la subjectivité de la personne. C’est un processus complexe, dynamique, et surtout de reconstruction.

Il ne s’agit donc pas de « redevenir comme avant » ni même de se transformer en un « super humain invincible » mais plutôt, comme le cite très pertinemment Humbeck (2015), d’arriver à un « néo-développement » qui permet de trouver une nouvelle manière de fonctionner grâce à un réel travail du sens.

Elle peut être présente chez chacun de nous tout en se dépliant différemment. Elle est certes favorisée par des expériences positives et un style d’attachement sécurisant durant l’enfance mais reste
évolutive tout au long de l’existence. Ainsi, « Chaque être humain est né avec une capacité innée de résilience, car il existe en lui une tendance innée à la croissance et au développement. » (Rufo M., In Poletti and Dobbs, 2017).

Qu’est-ce qui favorise la résilience ?

La résilience est rendue possible grâce à divers « facteurs de résilience ». Parmi ceux-ci, nous pouvons citer les ressources internes de la personne, ses expériences de vie constructives, un entourage sécurisant et soutenant, parfois même un accompagnement professionnel pour la stimuler. Elle doit être initiée par le sujet lui-même afin de lui permettre d’être auteur et acteur de son propre processus de changement.

Parmi les facteurs de résilience externes, les « tuteurs de résilience » ont un rôle prépondérant. Ce sont des personnes qui, par leur attitude, leur comportement, l’image qu’elles vont renvoyer de la
personne, vont être des facilitateurs dans ce processus de reconstruction. Ces dernières peuvent faire partie des sphères familiale, sociale, éducative, professionnelle, ou encore être un accompagnant de la santé.

En conclusion…

Certes, nous ne connaissons pas encore toute la dynamique du processus de résilience et sa définition reste polysémique. Ce concept reste parfois un joli fourre-tout et sa forte médiatisation peut être à double tranchant. Elle peut entrainer une fausse croyance darwiniste ou seules les personnes faisant preuve de résilience pourront s’en sortir. Il est de ce fait important de rappeler que la résilience n’est pas un état de fait, fixe et rigide, mais un processus dynamique dont le potentiel se trouve en chacun de nous à différents moments de notre vie.

Par ailleurs, c’est un concept multifactoriel et riche dans toute sa complexité. Sa plasticité permet une ouverture du champ des possibles et une vision holistique. Nous pouvons affirmer que ce concept permet de changer de regard sur les possibilités de reconstruction d’une personne après un traumatisme, de croire à ses ressources internes et capacités de reconstruction. En cela, il nous semble indissociable du travail d’accompagnement dans le secteur victimologique.

Rébecca Saintes
Psychologue clinicienne
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Source :
Cyrulnik B, Delage M. (2010). Famille et Résilience. Editions Odile Jacobs.
Cyrulnik B.(1999). Un merveilleux malheur. Editions Odile Jacobs.
Humbeecq B. (2015). De blanche neige à Harry Potter, des histoires pour rebondir : La résilience en question.
Editions Mols.
Manciaux M. and co (2001). La résilience, résister et se construire. Editions Médecine et Hygiène, coll. « Cahiers médicaux-sociaux ».
Poletti R., Dobbs B.(2017). La résilience, l’art de rebondir. Editions Jouvence.